vendredi 4 juillet 2014

Burkina, le pays des élephants sur un vélo !

Bon, là, vous vous dites : "La fumette intensive du beurre de karité fait des ravages !"

C'est probable, mais comme toujours tout dépend du contexte (ou de la qualité du karité) ! ;-) Le voici donc...

Ma traversée du Burkina était motivée principalement par les brides de conversation avec Annick & Bruno (www.roulmaloute.com restées gravées dans ma mémoire depuis le Cap Skiring (Sénégal) : "Faut que t'ailles au Ranch Nazinga, tu peux sillonner le parc en vélo, et croiser des éléphants sur ta route !" - Majeur !!!

Du coup, après quelques jours à se la couler douce dans l'agréable capitale burkinabé Ouaga chez Laure & The Makikis (www.fasomonde.fr) j'ai continué ma descente vers l'Atlantique, en direction de Léo. Au détour d'une rencontre je me suis fait indiqué une micro piste qui m'a permis de rejoindre l'entrée Ouest du Ranch depuis Koumbo. Arrivé tard le soir, j'ai fini par dormir chez le chef Mossi du village de Sia, qui, à ma plus grande joie, a poussé le luxe de l'hospitalité jusqu'à m'offrir une bière ! Trop cool :-)

Le lendemain matin, je suis donc allé au centre d'accueil du parc. Je pose mon vélo, me dirige vers l'observatoire du plan d'eau situé à proximité et déloge toute une famille de babouins occupés à s’abreuver. Les babouins étant très craintifs, ils fuient au moindre bruit. Idéalement, depuis cet observatoire, on peut, à la saison sèche, voir des éléphants s'ébrouer sur les bords du "lac", observer les antilopes venir épancher leur soif, etc... Mais, là, la saison sèche touche à sa fin, les premières pluies sont déjà tombées, et de nombreux points d'eau se sont formés sur toute l'étendue du ranch. Les animaux ne sont plus obligés de venir jusqu'ici, et cachés derrière la végétation redevenue bien verte et luxuriante, font leur vie loin du regard des touristes !

Après 1h30 assis sur mon banc je n'ai vu que deux antilopes. C'est pas ouf ... :( Je décide donc d'aller régler mon entrée à l'accueil et d'aller déambuler gaiement dans le parc avec mon vélo. Dans le temps, il était possible de faire une virée de 2h avec un guide en vélo. Mais ça c'était avant qu'un hollandais et son guide se fassent charger par un vieux mâle solitaire aigri. Faut dire, l'intensification du braconnage ne leur rend pas la vie facile, et de voir des hommes sur une piste ça doit les énerver un poil.  Le hollandais, fin cycliste est parti en trombe sur la piste. Le guide, avec son top vélo made in China, a forcé sur les pédales et cassé la chaîne, arrêtant net sa fuite... Le pachyderme trompe levée et oreilles battantes s'est approché menaçant, accélérant sa cadence. Guidé (c'est un guide!) par un réflexe de survie, le guide s'est mis à frapper dans ses mains (les africains ont toujours eu le rythme dans la peau, c'est bien connu !) et l'animal s'est arrêté dans sa course ! Ni plus, ni moins. Le guide a récupéré son vélo, est rentré au centre, a conté son histoire assez époustouflante (il est pas passé loin du drame tout de même) et depuis, les visites en vélo, c'est terminé.

Mais ici, tout est possible. J'avais donc l'autorisation de suivre la piste principale qui traverse d'Ouest en Est (ou vice-versa !) le Ranch et permet de rejoindre la bourgade de Pô. Tout cela, sur mon vélo ! Avant de quitter le centre d'accueil, je prends en photo le plan du parc, puis roule sur 200m jusqu'à la 1ière bifurcation... Comme c'est pas vraiment la meilleure saison pour observer des animaux comme je l'ai expliqué tout à l'heure, y'a pas un poilu dans le parc. Peu de risque de croiser un garde ou un guide avec d'autres touristes dans un 4x4. Donc, à la 1ière bifurcation, bein j'ai pris à droite, quittant la piste principale et pouvant ainsi aller à ma guise observer la faune locale ! :-)

Près d'une rivière, je pose mon vélo et tente d'apercevoir des animaux qui pourraient être en train de boire sur les berges. Niet, nada. Alors un bruit m'intrigue, comme un souffle fort. En mode furtif (Man VS Wild !) je m'enfonce donc dans la brousse, entre les arbres et les hautes herbes. Un barrissement confirme mon intuition et je finis par découvrir toute une famille d'éléphants en train de prendre leur bain dans une mare de boue, s'aspergeant les uns les autres, tandis que d'autres sont occupés à se nourrir de feuilles en arrachant de leur trompe les branches des arbres aux alentours ! Spectacle magnifique ! :-) Je suis resté à les observer jusqu'à qu'ils se déplacent plus profondément dans la végétation dense. Voir des éléphants au Burkina : Check ! Mais, me direz vous, "les éléphants sur un vélo", on y est pas encore !

Le reste de mes déambulations (50km tout de même) dans le Ranch de Nazinga m'a permis d'observer tout un tas d'antilopes (cobs, gazelles et autres) dont les plus impressionnants sont les hippotragues ! A côté, le plus gros des chevaux c'est un peu un poney polly pocket (mais si Gaëlle, rappelles-toi tu y jouais enfant) ! L'hippotrague, c'est comme un croisement d'un hippopotame et d'un mouflon ! :-) Si vous avez du mal à imaginer, Google pourra vous aider ! :D Bien que la journée ait été longue et que j'ai un peu galéré sur la fin en poussant mon vélo sur une piste un poil sablonneuse, pas d'éléphants sur un vélo... ce qui n'enlève rien à la beauté de la journée passée dans le parc !

Un peu avant d'arriver à Zabré, alors que j'étais sur le bas côté d'une piste en train de redresser mon chargement sur le vélo qui se cassait la gueule, un burkinabé en moto s'arrête et me dit : "Attention, devant y'a des sauvages !" !!! Je lui demande s'il me parle de bandits, et il me répond tout en faisant un grand moulinet de son bras, que non, il parle d'animaux, ceux qui arrachent les arbres. J'en déduis qu'il y a des éléphants dans le coin, mais me demande surtout s'il serait pas en train de se foutre de moi surtout qu'il repart avec un grand sourire ! Après avoir traversé une rivière, l'improbable se produit ! Sur la droite, je vois, à moins de 100m deux éléphants ! Là, comme ça, alors qu'on est pas dans un parc, en totale liberté ! La grande classe ! Une fois mon orgasme passé, je pose le vélo et m'approche pour les observer de plus près ! Quelques photos plus loin, en entendant des barrissements, je rebrousse chemin, et toujours sur mon vélo découvre toute une famille sur le bord de la piste ! Photos et vidéos, le Burkina est définitivement le pays des éléphants sur un vélo !!! :-) Plusieurs burkinabés et ghanéens (on est proche de la frontière) s'arrêtent eux aussi sur la piste pour contempler le spectacle. Les éléphants eux vivent leur vie sans se soucier des spectateurs postés à quelques dizaines de mètres ! Un berger peul menant son troupeau de bœufs m'explique que c'est la première fois qu'il en voit ! Je reste à contempler ces imposants animaux jusqu'à ce qu'ils nous faussent compagnie en se retirant dans la brousse ! Finalement, un gros coup de chance, qui m'a permis de vivre ce que j'étais venu trouver au Burkina ! :-) Trop chouette !

Plus tard dans la journée, j'apprendrai qu'il est assez commun de trouver des éléphants dans le coin, car un corridor des éléphants a été défini par des associations afin que les animaux puissent se balader dans leur espace naturel qui se réduit comme peau de chagrin : les cultivateurs occupent toujours plus de terre et le territoire des éléphants est tous les jours un peu plus menacé :( A côté de çà les paysans râlent ouvertement contre la mise en place de ce "corridor" car les éléphants n'hésitent pas à en sortir et à piétiner leurs cultures. On retrouve ici un problème similaire soulevé dans nos alpes, entre les berges et les loups ! Qui du "raz-le-bol" des paysans ou de la conservation des éléphants faut-il défendre ? Vu depuis l'Occident la réponse est toute trouvée, mais après quelques mois sur le terrain, les contre-arguments prennent aussi sens... !

Sur ce sujet polémique, je vous laisse ! Prenez soin de vous, la bise du Bénin !






1 commentaire:

  1. Whaouuuu sacré aventure!
    Bon vent au Bénin, nous on attend tous tes articles les uns après les autres, et on donne de tes nouvelles à tous les burkinabés au courant de ton aventure : es nouvelles vont vite ici et certains collègues de demandent de "l'autre, là, avec son vélo", alors que tu ne les as jamais croisés!
    La bise
    Laure

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