... ni finir dans la gueule du lion !
hum, hum... :-)
Après avoir quitter la Casamance, j'ai continué mes pérégrinations dans le sud du Sénégal, toujours en direction de l'Est ! Vous l'aurez deviné, c'est un peu la direction des 3 prochains mois ! :D
Plusieurs jours de piste et route en travaux poussiéreuses et chaotiques ont, non pas eu raison de moi (encore que j'étais devenu l'horrible homme de terre ocre), mais d'un nouveau rayon sur ma roue arrière ! Enfer et damnation, mes pièces de rechange restantes diminuent comme peau de chagrin... :( Après réparation me voila avec 3 rayons en moins sur la roue avant (pour 24 initialement) mais tous sont présents sur la roue arrière, celle qui est la plus chargée ! Mais maintenant j'ai comme l'impression de rouler sur des œufs et au moindre bruit suspect, je tremble d'avoir casser à nouveau un rayon... c'est un peu stressant ! :( (d'ailleurs j'ai depuis peu le second plateau HS et impossible de trouver une pièce de rechange ici ! Il part en sucette ce vélo : vivement que je retrouve le Padre au Ghana pour remettre en état mon vélo !)
Pour mon bricolage de roue je décide alors de m'arrêter dans un village qui semble à peine sortir de terre (ou de brousse, c'est selon!), le village peul Médina Shérif Aidara ! Trois familles en tout et pour tout pour peupler ce nouveau bled, qui n'a que quelques mois. Mais ce qui importe finalement c'est que l'eau soit accessible, grâce au puits de 40m de profondeur creuser il y a peu ! Les cases circulaires en bambous sont pour la plupart encore démunies d'un toit de paille et les chantiers de construction sont en cours. Alors pourquoi ne pas y rester une journée pour les aider ??! Au programme, déplacement de briques de terre sèche, réalisation de palissade en bambou, mise en place de la paille sur les structures en bambous des toits des cases, etc... Ce qui est vraiment intéressant, c'est de voir que toute la construction des cases est réalisée exclusivement à partir de matériaux naturels, situés dans la forêt à proximité : des bambous pour les structures et le contour, de la paille pour le toit et des écorces d'arbres mouillées utilisées comme de la corde pour faire l'assemblage ! Pour ce qui est des constructions en "dur" c'est de la terre et de l'eau ! Pas une once de ciment ! Seul le toit en tôle ondulée viendra gâcher cette "harmonie" ! D'autant plus qu'il entraînera une chaleur étouffante dans l'habitation. Mais si les travaux à réaliser sont nombreux, les habitants ne sont pas des forçats, loin de là, et les temps morts sont légions. Ces temps "morts" me permettent de me reposer, de lire, de jouer aux dames avec eux, etc..., mais en trop grand nombre ils peuvent devenir ennuyants. En effet, les conversations avec les villageois sont assez limitées, peu parlent français, et les discussions tournent vite court. Alors après 2 jours, malgré leur envie de me voir rester jusqu'à l'hivernage (mois de juillet !) je reprends ma route !
Fait stupéfiant, alors que la "sciatique" de ma fesse droite avait disparu, à mon départ, je me suis retrouvé avec une douleur similaire au niveau de la fesse gauche ! :( J'ai pu en déduire que ce n'était ni ma position sur le vélo ni ma super selle Broux (qui me permettrait même de rouler nu dessus à ce qu'il se dit !) qui étaient la cause du mal ! En fait, je pense qu'après 3 mois sur le vélo sans que le haut du corps ne réalise aucun effort, j'ai tout bonnement perdu tous mes muscles du bas du dos, suis devenu un véritable légume et de fait, j'ai le bassin qui flanche ! La solution du moment, qui semble fonctionner jusqu'à présent, c'est un renforcement musculaire du haut du corps ! Alors comme je ne sue pas suffisamment tout au long de ces chaudes journées :p , je me fais une petite séance d'abdos-pompes le soir avant de prendre ma douche (imaginez un seau d'eau et une tasse) ! Et puis, comme ça, je pourrais, à mon retour à Nice un jour, mettre, comme de coutume, la déculottée à Alex dans les blocs de Cagnes ! :p
En allant tout à l'Est du Sénégal, et sans s'obliger un détour de 400km, on se heurte obligatoirement au parc national Niokolo Koba ! Un peu naïf je m'imaginais le traverser à vélo ! Comme dirait Céd B., "Bouarf, ca passe !" :-) A mi hauteur du parc, je suis donc aller voir les gardes, pour essayer de glaner quelques infos sur le parcours possible ! Bien entendu on m'a expliqué que je me mettais le doigt dans l’œil jusqu'au coude, car il était formellement interdit de traverser le parc à vélo ! Couillon, y'a des lions (une centaine), et tu risquerais de te faire manger ! Une fois avoir récupéré une carte plus précise du parc et avoir élaboré un itinéraire adéquate je suis parti la fleur au fusil en me disant que "Bouarf, ca passe quand même !" J'envoie tout de même un sms à Schuchu au cas où, en lui disant de s'inquiéter s'il n'avait pas de nouvelles dans les 72h. Mais ce que je n'avais pas prévu, c'était un nouveau poste de contrôle du parc à l'entrée de la piste que je voulais suivre ! Et là, bein, "ca ne passe plus" ! J'ai tout tenté, les yeux doux, le bakchich, le pipeau, rien n'y a fait, c'était hors de question que je passe ! Le sergent bien sympa m'explique alors que je peux toujours contourner le parc par le sud (si je ne veux pas faire le détour de 400km par le nord) en passant par la Guinée ! En voila une bonne idée, en sachant que (1) je n'ai pas de visa pour la Guinée, (2) les frontières étant fermées à cause de l'épidémie de fièvre ébola en Guinée, si je quitte le Sénégal, je ne pourrais pas y retourner ! Mais...
Bouarf, ca doit bien passer ! :-)
Et me voilà donc dans le bureau de l'immigration à la frontière guinéenne ! Je suis sorti du Sénégal sans vraiment passer par un poste de contrôle, plus ou moins illégalement, et n'ai donc pas mon tampon de sortie, ce qui est une bonne chose si je veux re-rentrer de manière tout autant illégale ! :-) Par contre, en Guinée, le chef de poste me passe un savon en m'expliquant que c'est anormal que je débarque ici la fleur au fusil, sans visa, et que si je veux passer la frontière, j'ai qu'à retourner à Dakar récupérer mon visa ! Quand il a fini de s'exciter sur moi, je lui explique que je vais pas m'amuser à aller à Dakar pour son visa, que j'aimerai juste obtenir un visa de transit de 72h ici même histoire de contourner le parc par la Guinée, et qu'ensuite je retournai au Sénégal ! Et visiblement, le charme du cyclo touriste tout suant, tout puant, tout poussiéreux et dans la galère fait effet, et le gus accepte de me faire un visa de transit ! Youpi ! Il me demande 15000 FCFA, je lui en propose 10000 (toujours négocier avec les autorités, c'est la règle!), et il accepte instantanément ! Comme souvent après tout marchandage expédié si rapidement, on se dit : j'aurai du dire moins ! :-) J'obtiens donc mon visa, et mon passeport est glissé dans une enveloppe scellée avec une lettre pour le chef de poste de la prochaine ville que je dois traverser pour expliquer le pourquoi du comment de la délivrance de ce visa "exceptionnel" ! Je suis donc en Guinée, en toute légalité ! Le lendemain, après avoir passé 2 check points, je prends une petite piste de brousse, qui se transforme en sentier sablonneux (et hop je pousse le vélo), et grâce à l'aide des paysans qui me remettront sur le bon chemin (je continue inexorablement de me perdre car si leurs indications disent "c'est tout droit" il faut s'attendre à trouver 3 bifurcations dans les 500 prochains mètres ! :D ) me voilà à nouveau au Sénégal, de nouveau en tout légalité, car sur mon passeport, à aucun moment il n'est écrit que j'en suis sorti ! :D CQFD ! Heureusement que les frontières sont fermées... une vraie passoire ce pays ! :D
L'idée de ce contournement, était de pouvoir découvrir les pays Bassari et Bédik, ethnies minoritaires du Sénégal encore très traditionnelles ! Et la région est vallonnée, ce qui me change des paysages plats rencontrés jusqu'à présent. Un peu de randonnée me permet d'aller à leur rencontre, mais comme souvent, le tourisme a biaisé les échanges, et il faut offrir tantôt de l'argent, tantôt des bonbons pour pouvoir visiter ces villages :( Mais la balade vaut le détour ! :-)
Un des hauts lieux de la région est Dindéfélo, où se trouve une belle cascade (l'unique du pays) ! Entre Ibel et Dindé, j'ai suivi l'un des plus beaux single-tracks (sentier) parcouru jusqu'à présent en Afrique :-) Mais pour cause de présence de bandits quelques semaines auparavant, j'avais comme une boule à l'estomac lors de ces 16km seul (ou pas?!!) dans la brousse ! Mais les infos obtenues avant indiquaient que les dits bandits avaient fui avec le déploiement de la gendarmerie dans le coin :-) Cette région mériterait d'ailleurs d'y faire quelques virées supplémentaires en vtt, le coin étant particulièrement séduisant en dépit de l'excessive chaleur de la saison.
En plus de la cascade, il est possible, avec beaucoup de chance, de voir des chimpanzés sauvages dans les environs de Dindéfélo. Des espagnols ont installé un campement de recherche, où certains chercheurs ont posé leurs sacs ici depuis 5 ans ! Cela m'a paru beaucoup mais bon ! Et comme la chance, ça se provoque, j'ai décidé d'aller passer une nuit dans la forêt, dans mon hamac ! Finalement de chimpanzés je n'ai entendu que les bruits, souvent masqués par les "aboiements" des babouins. L'ambiance était assez flippante avec les bruits qui se répandaient dans la forêt pour s'amplifier en se répercutant sur les parois alentours ! Je crois qu'un taureau flippait tellement qu'il est venu dormir à côté de mon hamac ! Donc provoquée ou non, la chance ne m'a pas souri cette fois ci ! Mais l'expérience méritait d'être vécue ! :-)
Pour rejoindre le Mali d'où je vous écris en ce moment (de la ville de Kayes, prononcez Caille, et où malgré le nom, il doit bien faire plus de 40°C de moyenne sur une journée - c'est la seconde ville la plus chaude de toute l'Afrique après Djibouti, parait-il!) j'ai donc laissé les montagnes du Sud pour traverser les terres des orpailleurs Malinke (autre ethnie) qui, soit creusent des galeries et tamisent le sable dans lequel ils espèrent trouver des pépites, soit se baladent dans la brousse avec leur détecteur de métaux, comme on en voit sur les plages méditerranéennes ! :-) Les progrès technologiques ! :D Par contre dans cette région, quelle chaleur ! Dès 10h il fait déjà plus de 40°C et à 12h-13h on reste scotché à l'ombre sans bouger, pour éviter de trop transpirer en sachant que l'on vient de se chopper une monstre suée juste en avalant le plat (chaud) de riz en sauce du midi ! A 16h-17h, après la sieste et de la lecture, il est à nouveau possible de rouler à nouveau ou d'avoir une quelconque activité normale ! :D On transpire tout de même comme un sacré poney ouzbèque, et il faut bien boire ces 8L d'eau à la journée ! Mais le soir, c'est à nouveau la grosse chaleur : dans les cases chez l'habitant, la chaleur est suffocante et la température reste au delà de 35°C toute la nuit. Dans la tente, le sol retransmettant toute la chaleur accumulée dans la journée, par conduction, on finit de cramer sur son tapis de sol ! Mais l'Afrique, c'est çà, et il faut savoir faire face à cette chaleur. Les nuits ne sont donc pas si "reposantes" mais ces moments déplaisants s'effacent à la vue des paysages magnifiques qui m'entourent ou lors des rencontres spontanées avec les Sénégalais ! Dernièrement j'ai retrouvé quelques moments magiques en traversant des villages où les gamins n'avaient vu de blancs qu'à la télé lors des matchs de foot ! Difficile dès lors de se faire discret et l'on devient rapidement la curiosité du village !
Et pour illustrer mes propos, voici les photos ! Lien
C'est donc avec plein d'optimisme que je m'apprête maintenant à découvrir le Mali ! :-)
La bise à tous, prenez soin de vous, et profitez des gros we fériés ! :D
Je me disais aussi que tu es tout maigrichon sur les photos ! Inverse la position, pédale avec les mains !
RépondreSupprimerEn tout cas les photos sont magnifiques et ... incroyables : tu es l'homme le plus grand du Sénégal/Mali on dirait ! :p
RépondreSupprimerTake care grand malade,
Kevin