- poser son velo et profiter du confort de voyager en voiture,
- debusquer elephants et lions au detour d'un baobab lors de nos premiers self drive game drives
-
partager une tranche de vie en tete a tete avec elle dans un
environnement si eloigne du sien et pourtant si rassurant, chaleureux et
accueillant
- refaire le monde, son monde, mon monde autour d'une mignonnette de rhum accompagnee de quelques tranches de saucisse seche
...
en
somme redecouvrir ce lien vital et ancestral mere fils que, au fil d'un
temps qui manque, dans une societe effrainee, l'on a tendance a
oublier, a negliger !
Mais
(non pas qu'il faille toujours un ''mais'') le voyage dans de telles
conditions, c'est facile. Et de remonter sur mon velo, c'etait comme un
nouveau depart avec toujours cette anxiete infondee de croire qu'il sera
difficile de retrouver les reflexes acquis les mois precedants, de
renouer contact avec les locaux dans les villages ou e poser son bivouac
dans la brousse en toute insouciance.
Alors
que rapidement on s'apercoit que cet etat d'esprit ne se perd pas et
que la piqure de ''rappel'' n'est jamais vraiment douloureuse ! ;-)
Tout
a donc (re)commence sous les meilleurs hospices lorsque je me suis
presente au poste de frontiere zambien. Je tends mon passeport a
l'officier, qui feuillette rapidement les pages pour tomber sur mon visa
double entree de zambie, obtenu a la frontiere avec la tanzanie le mois
precedent. Une moue apparait sur son visage et d'un air emprunt de
perplexite il me demande ou je vais et d'ou je viens ! Je lui reponds
que je viens du Malawi et que je vais... en Zambie ! Ok, ca apparamment
il s'en doutait mais ce qui le gene, c'est que j'ai un tampon d'entree
en zambie datant d'un mois mais pas de tampon de sortie ! En suivant un
schema administrativement primaire je suis donc en passe de retourner
dans un pays en tout illegalite pour y etre sorti frauduleusement ! Je
tente alors de lui decrire la verite, que son collegue au poste
frontiere ou je m'etais presente voila un mois, bein, il etait pas la.
Et qu'apres avoir attendu, un peu, beaucoup, sans que personne soit
capable de me dire ou il avait bien pu passer, bein j'avais continue ma
route. Alors visiblement, ce n'est pas 45min que j'aurai du attendre
(deguisee bien entendu en 4h) mais un ou deux jours ! La, j'ai rigole
mais pas lui. Il m'a donc bien rappele que ce genre de fraude etait
punissable et que je risquais la prison. A ces mots, un suisse vivant en
Namibie et de passage en Zambie a vu ses cheveux se dresser sur sa tete
! Il s'inquietait visiblement de me voir finir ma vie a croupir au fond
d'une goele zambienne. Serein et a force de discuter, faire un peu le
dos rond, admettre que j'aurai pas du franchir ce poste frontiere sans
tampon, j'ai finalement obtenu sur mon passeport, le meme jour, au meme
endroit, un tampon de sortie suivi d'un tampon d'entree ! :-) Comme quoi
c'etait pas bien difficile et que comme toujours, il y a une solution a
tout probleme en afrique !
S'en
suivirent 3 jours de velo, non pas memorables (le paysage de brousse
entre Lilongwe (Malawi, capitale) et Lusaka (Zambie, capitale) n'a rien
d'extraordinaire etant repetitif, aride et sec), mais qui m'ont permis
de me refamiliariser avec le bivouac-hamac avec la benediction des
locaux venus inspecter, munis de batons de bois, ce qu'un blanc pouvait
bien farfouiller sous un manguier a la tombee de la nuit :-) La deuxieme
nuit, certainement trop fatigue, j'en ai oublie de scruter le ciel
avant de me coucher et j'ai fini en hate par etendre ma toile de tente
sur mon hamac pour me proteger d'un joyeux crachin de debut de saison
des pluies ! La nuit suivante j'ai donc tendu ma toile de tente au
dessus du hamac avec l'arceau mais sans pouvoir tester la robustesse de
l'assemblage puisqu'aucune goutte n'est tombee.
Aux
deux-tiers du parcours, j'ai franchi une premiere fois le pont suspendu
enjambant la Luangwa River, fleuve qui finit sa course dans le Zambeze
au point triple Zambie-Zimbabwe-Mozambique. Apres une pause poulet
frites (pour changer du N'Sima (porridge de mais) que je mange
habituellement ici le midi car on ne trouve meme plus de riz dans cette
region reculee et pauvre), et apres avoir donne a un tailleur un tissu
pour me coudre une chemise, je decide d'aller du cote du Bridge Camp
situe le long de la riviere y poser ma tente. Puisque tenu par un
hollandais sud africain peu sympathique appliquant des prix ehorbitifs,
je decide de rebrousser chemin. Comme ma chemise ne doit etre prete que
le lendemain matin, je choisis de retraverser le pont pour longer
l'autre berge de la riviere et planter ma tente ou bon me semble. Je
m'arrete finalement a un regroupement de maison ou un vieux entame la
conversation. Sa femme, chef de quartier, s'occupe a fabriquer de la
biere de mais dans l'intention de la vendre plus rapidement que son mari
ne l'engloutisse :D Peine perdue, le voila rapidement, alors que nous
sommes entoures du reste des femmes de la famille, a me demander comment
je peux bien assouvir mes pulsions sexuelles en n'etant pas marie et en
etant en voyage si longtemps. Prendrais-je des pillules me demande-t-il
?!! Visiblement lui expliquer que l'homme peut aussi se contenir ne le
convaint pas ! Pour tourner court a ce debat sans queue ni tete (si je
puis dire) je pars me raffraichir dans la riviere. Le boer du Bridge
Camp m'avait prevenu qu'il ne fallait pas s'y baigner a cause des crocos
et hippos, mais j'ai prefere faire confiance aux locaux deja a l'eau me
rassurant en me disant que la derniere attaque sur un homme par un
croco datee de 15ans ! Et qu'avec le faible niveau d'eau, le risque
etait nul.
Au
retour, j'ai donc retrouve mon hote un peu plus rond qu'avant et
surtout son fils Misheck qui travaille pour le boer. Avec lui,
rapidement, je m'organise une viree sur le Luangwa avec un bivouac prevu
sur les berges la ou l'on arretera de pagayer pour le lendemain. Je lui
propose de m'occuper de la nourriture pour les 2 repas a prevoir, soit
le picnic et le diner. La sacoche etanche du velo est alors tres
pratique dans ce type d'expedition. Au petit matin donc, nous voila tout
deux a chercher notre equilibre sur une fresque pirogue qui prend
l'eau, lui debout a l'arriere appuye sur sa perche pour nous faire
remonter le courant et moi a la rame au milieu de l'embarcation. Agile
et solide, Misheck developpe bien plus de puissance que moi avec son
bambou et j'ai rapidement l'impression de ne servir a rien avec ma rame
:-) Qu'a cela ne tienne je fais illusion et je profite du paysage. Apres
avoir retrouver la confluence entre le Luangwa et une seconde riviere
nous continuons de remonter la premiere. Le niveau d'eau est
particulierement bas en cette fin de saison des pluies et il arrive que
nous devons sortir de la pirogue pour la pousser lorsque le fond racle
le sable. Un peu plus en amont nous nous arretons a cote de pecheurs
occupes a remonter leurs filets. Plusieurs beaux poissons gisent au fond
de la barque et je decide d'en acheter un pour le repas. Je beneficie
meme d'une ristourne avec un deuxieme petit poisson. Nous atteignons
enfin a la mi journee le camp de base de ces meme pecheurs. Une langue
de sable ou sont installes dans grilles pour cuire et secher le poisson.
L'eau bue est celle de la riviere, apres avoir creuse un trou dans le
sable. Tout ca a un gout de deja vecu avec les chasseurs traditionnels
maliens ! ;-) Je propose donc de m'occuper de la cuisine et Misheck sort
alors de son sac de la farine de N'Sima ! Face a mon air interrogateur
il m'explique qu'il lui faut sa dose de nsima car le riz ou les pates ca
ne le nourrit pas vraiment ! Je rigole bien, on les changera donc
jamais ! On partage neanmoins mon riz-couscous lyophilise cuisine a la
marocaine u'il trouvera somme toute tres bon !
Apres
une sieste meritee et alors que les pecheurs continuent inlassablement
de jeter et tirer leurs filets (ce qu'ils feront a la nuit tombee a
20:00 le soir meme et avant le lever du soleil a 4:30 le lendemain) je
propose a Misheck de prendre les commandes de notre pirogue pour
remonter un peu plus en profondeur les gorges dans lesquelles nous nous
trouvons. Une fois passee un groupe d'hippos occupes a barbotter dans
l'eau, il me laisse la barre. Bien entendu de cette longue perche je
n'arrive a rien faire sinon a presque faire chavirer l'embarcation.
Rapidement, comme nous voyons que nous avancons pas ou peu, on fait
accoster la pirogue sur la berge et on continue a pied en alternant
trempette et marche sur les bancs de sable. L'eau est excellente, la vie
est dure ! Au retour je choisirai la rame avec laquelle je peine moins a
manoeuvrer la pirogue pour nous ramener au campement. Une fois de plus
on partagera avec les pecheurs le nsima, les poissons frais et mes pates
aggrementees de noix de saint jacques cuisinees a la bretonne ! (Merci
GM) Nous improviserons une partie de Uno alors que le soleil se love
entre deux collines dans le fond de la gorge. A leur demande je leur
montrerai les photos prises en Zambie et des rires masqueront les rales
des hippos lorsqu'ils se verront en photo et en video. Le lendemain il
ne restera plus qu'a se laisser glisser porte par le courant et
rechauffe par les premiers rayons de soleil. Quelques heures plus tard,
apres une seance photo et des adieux, je recupere ma chemise chez la
tailleuse avec deja dans l'idee, un jour, de revenir ici naviguer
l'integralite de la riviere Luangwa en canoe gonflable !
Cette
afrique la n'est finalement pas plus difficile que celle vecue avec ma
mere, simplement un peu plus ''roots'' et authentique. Bref, je me suis
remis dans le bain ;-)
Prenez
soin de vous, surtout de vos femmes, surtout celles qui sont enceintes
ou l'ont recemment ete, et aussi de vos amis, surtout ceux dont les
femmes sont enceintes ou l'ont recemment ete ! ;-)
La bise de Livingstone d'ou j'ai pu decouvrir les chutes Victoria ce matin !
Oliv
Comme d'hab, quel plaisir de lire tes nouvelles aventures ! Partager cette expérience avec ta maman vous fera un magnifique souvenir de famille ! Profite bien de tes quelques semaines qui te restent à voyager en vélo, en pirogue ou à dos d'hippo ! Des bisous du vieux continent !!!
RépondreSupprimerSalut Olivier,
RépondreSupprimerCela fait toujours plaisir de lire tes aventures.
Etant né en Côte d'Ivoire et pour y avoir vécu 17 ans, je suis bien conscient des problèmes insolubles auxquels tu dois être confrontés (comme se problème de tampon à la frontière) mais qui finissent toujours (ou en tout cas bien souvent) par se résoudre à force de palabres :)
Bon courage en tout cas pour la suite de ton voyage. Les chutes Victoria, ça doit être magnifique :)
P.O.