jeudi 20 février 2014

Déambulations dans le Petit Walou !

Appelons le comme-çà ! "Walou" en berbère, ca signifie rien, enfin vous m'avez compris, ca signifie "Rien" ! Le désert donc, un peu le néant, et du sable et des pierres ! "Petit" car c'est pas encore le "Grand Walou" celui que l'on trouve au sud de Tan Tan !

J'aurai pu tout aussi bien, depuis Sidi Ifni, prendre la route, celle qui mène à Goulmine, dans les terres, puis revenir vers la côte, en suivant la N1, cette fameuse nationale qui s'étend de Tanger à Nouhadibou, dernière ville avant la Mauritanie ! Mais cette route, c'est celle que je suis dans le "Grand Walou" sur des centaines de kilomètres, 1150 et d'la poussière ! Donc j'ai préféré retarder la rencontre !

Revenons-en donc à nos dromadaires ! Pour le "Petit Walou", j'ai donc choisi de prendre la piste, celle qui commence à Foum Assaka, lorsque la route goudronnée se termine subitement, au moment de traverser un Oued (Rivière) ! Changement de rythme, surtout que c'est de la terre bien tassée, des cailloux et que ca grimpe ! Un retraité descend tout guilleret du plateau, et m'annonce sans ménagement, que de toute façon, à vélo, je monterai pas jusqu'en haut ! Le con, je lui aurai fait bouffer son guidon ! Je donne tout et crack, ca passe ! Bon vu le chargement du bestiau (que l'on pourrait appeler pour faire local "Argan", car "Mets de l'huile" ;-) !) j'ai ma suée du jour et en haut je suis bon pour me faire une petite pause dattes et sucreries !

Effectivement, sur le plateau qui longe l'océan, pas grand chose. Pour l'instant tout va bien, la piste est unique, plutôt bien tracée et louvoie gaiement plus ou moins proche de la côte, avec de belles monta cala comme on dit par là bas ! La nuit se fera chez des frères pécheurs, un peu désabusé du mauvais temps qui subsiste depuis plusieurs semaines et qui rend la mer trop agitée pour jeter lignes et filets ! On se contentera de moules au repas !

Cette première partie du Petit Walou est certes désertique, mais encore facilement roulable (mise à part les accidents du terrain et du relief) et l'isolement n'est pas total. Ca l'est plus par la suite, une fois l'Oued Aorera suivi sur 15km pour retrouver la fameuse plage Blanche ! Cette plage, qui s'étend sur une quarantaine de km est parsemée de petits villages de pécheurs, de grandes étendues de sable blanc jaunâtre et de quelques pâturages pour les quelques chèvres et moutons de nomades. A écouter certains locaux, à marée basse, je pourrais y rouler avec mon vtt, sans m'y enfoncer, car c'est comme du goudron ! Un peu marseillais sur les bords (on est dans le sud je le rappelle ;-) ) je m'y aventure pas et je fais bien ! Rien que pour rejoindre la mer depuis les terres en "roulant" au fond de l'Oued Aorera asséché, il me faut 3h pour 15km ! Et le vélo dans le sable, quand il veut plus avancer, faut se le tirer dur ! Les paysages sont quand même magnifiques entre les "oasis" (ou assimilables) du fond de l'oued et les dunes de sable (plus hautes que celles vues à l'Erg Lehoudi) qui viennent mourir au pied du ruisseau. Si l'on rajoute à cela un nomade Saharoui qui garde ses 20 dromadaires au fond du "canyon", on a le panorama époustouflant du Sud du Maroc ! Ah, j'oubliai, il fait grand beau, comme le dernier mois, pas un nuage dans le ciel !

Sur le plateau, lorsqu'il n'est pas possible de suivre la plage, plusieurs pistes partent dans tous les sens. Celle au bord des falaises qui surplombent la plage, c'est un peu un combat ! Beaucoup de sable dans lequel le vélo s'enlise ce qui me ralentit énormément. Obligé de descendre du vélo, tirer le gonze, remonter, et répéter la manip à la prochaine portion ! Alors, vaillant, je me dis : "Bein, comme avant il y avait une piste plus dans les terres, elle doit bien y être encore et ça sera plus facile !" En gros "Ouarf, ca passe!" Je prends plein Est, en suivant une trace de sente et me retrouve bientôt, au milieu de rien, dans le sable, à tirer mon vélo pendant 2h sans trouver de piste abordable ! Bientôt me voila sur un ancien champ de tirs, où demeurent des vestiges de chars amoncelés sur des tas de pierres. Pas d'impact d'obus récent, je suis serein ! Et puis là je suis sur un semblant de piste. Donc, je ne sais pas où je suis, je ne sais pas où je vais (vers le sud quand même), je ne sais pas d'où je viens (de plus au nord tout de même) mais je ne me considère pas perdu ! :D

Peut-être un peu qd même car je sors mes jumelles pour scruter l'horizon. Il y a rien. Quelques dromadaires au loin mais pas de chamelier. Puis, sorti de nul part, un nomade chevauchant un âne ! Lui doit bien savoir où je suis ! :p Je vais le retrouver, toujours en tirant mon vélo pour une rencontre improbable, au milieu du désert, entre un touriste blanc et son vélo et un marocain enturbanné dans son cheich, galopant sur sa monture et ne parlant pas un mot français ! Mais force est de constater que la langue des signes fonctionne toujours bien ! Et ni une, ni deux, me revoilà sur une piste qui me conduira chez des militaires, un poste de contrôle isolé au milieu de rien, où les gaillards bien chaleureux me logeront la nuit ! L'un d'eux me fera goûter de l'alcool de dattes qu'il produit. Manque de bol, la canette de bière que je transportais avec moi depuis Aglou s'est percée avec un caillou lorsque j'ai sorti mes jumelles et étant donné la chaleur, mon isolement et le doute sur la suite (comment ca je doutais?!!), je n'en ai bu que quelques gorgées :( C'eut été sympa de la partager avec lui !

Finalement, après 4 jours dans ce "Petit Walou", 3 des 4 attaches du porte bagages avant rompues sous les vibrations, le poids des sacoches et l'état de la piste, j'ai retrouvé la civilisation ! Pour les réparations, j'ai sorti de la corde de montagne, mon appareil photo pour checker les noeuds pris en photo avant le départ de la bible "Aventure et Survie" et j'ai constitué un assemblage qui jusqu'à présent, tient plutôt bien ! :-) Si le matin même j'étais, avec les militaires sur la côte, à 100m de la plage, mon retour au monde "moderne" s'est fait à Tan Tan, à 25km de la mer où j'aurai du déboucher ! Mais bien entendu, confiant sur mon sens de l'orientation, à aucun moment je ne me suis senti perdu ! :p Le désert n'est hostile que lorsque l'on n'est plus en mouvement, que l'on est bloqué, immobile !

Aujourd'hui je suis donc sur la N1, dans le "Grand Walou" et vous conterez la prochaine fois, ma partie en solitaire des 1000 bornes ! ;-)

J'espère que vous allez bien, prenez soin de vous,

La bise


8 commentaires:

  1. on pense à toi et on va bien !! bisous

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  2. Enfin un peu d'animation...! :-) ced B

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  3. Ah ouais !! Là on est plus trop dans l'touristique ... ! :)
    Prends bien soin de toi toi même ! Bises l'ami !
    Kevin

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  4. ca doit etre chaud (c'est le cas de le dire) "in the middle of nowhere"....
    De toute façon, Cap au Sud :-O

    Belle prose en tout cas, captivant..... Show must go on...

    Vas-y petit... On pense à toi. Bise

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  5. Le desert, regarde bien, c'est les courbes d'une jolie femme.......à l'infini
    Bises
    le sdf cannois

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  6. Olivier, je t'en prie, le chemin est long, reste sur la piste, que diable !!!!
    Ne t'amuse pas à faire des courses d'orientation comme Tonton Pierrot !

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  7. Bon, ça y est tu quittes le Maroc, j'espère que t'auras pensé à moi pour les souvenirs :-)
    Bon périple, continue à nous faire rêver avec tes supers galères mais stp les fais pas passer les frontières, genre je suis au fin fond de l'Afrique et j'ai un souci de chaudière, mdr :-)
    Bises Anne et Jérèm.

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  8. Plus que 2 semaines avant le Senegal! Tout est à peut près prêt sauf surement les cuissots, mais la motivation va compenser :-)

    Bonne route voyageur!

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