mercredi 12 mars 2014

Une partie en solitaire des 1000 bornes dans le Grand Walou !

Les règles sont assez simples en définitive : seul, sur mon vélo, direction plein sud vers la frontière Maroc-Mauritanie !

Le plateau de jeu, vous l'avez compris, c'est le Grand Walou ! Pour ceux qui ont loupé le précédent épisode, "Walou" en berbère, ca veut dire "Rien" (je ne vous refais pas la blague ;-) ) donc en somme c'est un désert. Une seule route le traverse, la N1 qui longe la côte ! Disons qu'entre Tan Tan et la frontière, il y a à peu près... vous l'aurez deviné... 1000 bornes !

Pour avancer donc, il suffit d'apposer les cartes : cuissots - vent de dos - motivation sur la table ! Ca se fait pas tout seul et des fois, un inconnu vient nous contrer en jouant les cartes : vent de face ou de côté (je perds alors entre 10 et 15km/h de vitesse moyenne :( déprimant) - rayon qui lâche (j'en suis déjà à 3) - poursuite de chiens (mais qui a le mérite de me faire gagner en vitesse un court instant !). Les paysages changent, le désert n'étant pas forcément celui que l'on imagine, plein de dunes de sable. Ca peut être des étendues nues, vides, de broussailles ou de pierres. Des fois la route s'écarte de la côte et seul le soleil me permet encore de m'orienter. Plusieurs check-points de gendarmerie à franchir. Pour ma sécurité disent-ils, ils me filent et veulent toujours savoir où je vais dormir, d'où je viens mais surtout, si tout va bien ! :-) Souvent c'est l'opportunité pour moi de faire une pause, d'avaler mon sandwich pain - vache qui rit - tomates et de repartir ! En cas de blues, il suffit de regarder le compteur en fin de journée et voir que finalement 150km ca fait tout de même une bonne étape ! Et puis je peux toujours brancher mon mp3 et m'imprégner des vibes d'Oasis pour continuer à pédaler !

J'en ai quand même profiter aussi pour faire une halte à Dakhla, magnifique lagune à mi-parcours et haut lieu du kitesurf ! Faut dire, ici, y'a du vent non stop ! Et ca m'use autant que la tente, loin d'être sandproof ! Souvent le soir, je suis obligé de sortir le sable et le matin, rebelote ! Mais ca fait parti du jeu :-)

Anecdote : Le Grand Walou c'est aussi le Sahara Occidental, reconnu comme un "état" par l'ONU mais considéré comme partie intégrante du Maroc par le roi et la majorité des marocains ! Alors pourquoi ? Parce qu'une minorité, les saharouis, peuple nomade et libre du désert revendique son indépendance. Et ce territoire sans frontière marquée serait alors le RASD, la République Arabe Sahaouite Démocratique ! Et si en traversant le-dit Western Sahara on peut ne pas s'en rendre vraiment compte (en dehors d'une forte présence militaire) c'est une réalité. Un soir donc, alors qu'il est déjà bien tard, 18h, je décide de faire une pause dans la partie. Un village de pêcheurs tout bâti de neuf au bord de la route attire mon attention. En fait, comme souvent, c'est un village fantôme ! Les habitations sont vides et en poussant un peu plus vers la côte on découvre le vrai village de pêcheurs, des tentes rustiques qui bordent la mer. La vue n'est pas des plus alléchantes, on dirait un bidon ville sud américain :-( Peu en confiance je fais demi-tour et décide de tenter ma chance auprès d'une tente nomade située près des nombreuses antennes téléphoniques situées le long de la nationale. L’accueil est toujours aussi chaleureux, mais cette fois, le thé est remplacé par du lait de chamelle ! En fait me voici tout simplement chez un Sahaoui, qui rapidement me fait un topo de la situation ! Il s'attriste des pressions du gouvernement marocain à leur attribuer une carte d'identité marocaine dont ils ne veulent pas et des répressions violentes subies par son peuple lors de manifestations d'indépendance à Laayoune. Comme il le dit, son peuple est un peuple du désert, nomade et libre ! Je ne sais pas si c'est ces tensions présentes entre eux et le gouvernement mais je suis amené à dormir dans une tente séparée de la leur. Dans la soirée, alors que je prépare mon repas, un officier de la gendarmerie débarque pour vérifier que je passe bien la nuit entre de bonnes mains ! Visiblement il est satisfait et me fait bien savoir qu'ils savent où je vais, où je suis ! Pour preuve il connait l'heure de mon départ du camping le matin même ! Je suis impressionné mais surtout bien embêté pour mon hôte, connaissant depuis peu, le conflit d’intérêt entre lui, son peuple et les marocains... mais il n'a l'air nullement gêné ! ouf... Et autant dire que le lendemain, je suis allé dormir dans le désert, derrière une dune peinard, et que pas un flic n'est venu m'expliquer qu'il me filait dru ! ;-)

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