lundi 29 septembre 2014

Tanzanie et nord Malawi : Comme un contre la montre dans la brousse !

Voyager, vivre mes reves, decouvrir, apprendre de soi, apprendre des autres, se sentir libre,...

Voila ce que je vis depuis bientot 9 mois  !

Mais ce qui fait aussi la magie de ce periple a travers l'Afrique c'est de pouvoir le partager avec les autres, vous via ce blog, eux parcequ'ils me rejoignent. Eux se sont, Tom au Maroc, Schuchu au Senegal, Papa au Togo et maintenant Maman au Malawi ! Et qui dit retrouvailles, dit timing a respecter ! Objectif : etre le 30 Septembre a Lilongwe (Capitale du Malawi) pour accueillir Maman a sa descente de l'avion. En termes de chiffres depuis Kigali (Capitale du Rwanda) ca me laissait 25 jours pour parcourir 2200km et traverser 3 frontieres ! Mais quand on aime sa Moman, on compte pas ! ;-)

... et surtout on se bouge les fesses ! :-)

La Tanzanie donc ! Le Rwanda je passe, je vous ai deja raconte, c'etait pas exceptionnel, mais ca permet aussi de se dire qu'avant c'etait top, qu'apres ca sera top ! Positive attitude, on est en voyage !

Acte 1

Ma decouverte de la Tanzanie a debute sur les chapeaux de roue : a peine la frontiere franchie, je m'arrete dans un micro bourg perdu au milieu de la brousse (plus de culture ici, plus personne ou presque, juste la nature qui me tend les bras, je ressucite !) pour un ravitaillement en eau. Sous une hute 3 hommes occupes a se rafraichir. A peine le temps de les saluer par un chaleureux ''Karibu'' (Bienvenue, en Swahili) que je me retrouve sur une chaise une biere a la main ! Et en terme de bieres, la Tanzanie c'est magique ; a chaque region sa biere, a chaque classe sociale sa biere, etc ! Je descends l(a) Kilimanjaro sans meme l'avoir grimpe, m'attaque au Serenguetti dans la foulee (a bien y regarder j'appercois au fond de la bouteille un leopard et une girafe) puis prends du recul en profitant d'une Tusker bien connue de toute l'Afrique de l'Est avant de me socialiser avec mes nouveaux friends autour d'une Balimi, la biere des fermiers ! J'ai quand meme eu la ''sagesse'' entre la 3ieme et la 4ieme biere (500mL chacune) d'expliquer a la compagnie qu'il fallait quand meme qu'il me trouve une place pour etaler ma carpette, parce que je n'etais plus en etat de rouler ! Comme il n'y a jamais de probleme et toujours des solutions je passerai ma nuit dans la ''cuisine'' des rangers de la reserve de chasse du coin ! :-)

Acte 2

Apres avoir realise quelques 400 kms sur des pistes en terre, plus ou moins sablonneuses, poussiereuses, caillouteuses et defoncees je m'attaquais au crux de cette descente sur Lilongwe : la traversee du parc national Katavi ! L'idee est qu'entre le Rwanda et le Malawi, pour traverser la Tanzanie au plus court, il n'existe qu'une piste. Elle sillonne l'Ouest Tanzanien sur toute la longueur du lac Tanganyika sans jamais l'approcher. Je resterai a 100km a l'Est du lac et je ne le verrai jamais. Un detour par le lac n'est possible que par un aller retour qui me prendrait 2 jours ! Comme j'avais peu de temps et beaucoup de km devant moi, il a fallu faire ce choix.

Cette piste traverse donc ce fameux parc. A en croire le Lonely Planet s'est le seul parc en Tanzanie ou l'on est susceptible de croiser plus de lions que de touristes ! Faut dire que dans cette region bien perdue, a part quelques villages ici et la, c'est assez depeuple et desertique. A 500m de l'entree du parc je m'arrete pour regarder une colonie d'hippos barbottant gaiement dans l'eau quand un ranger en civil (c'est dimanche, il ne travaille pas) vient a ma rencontre pour me demander si je compte traverser le parc... Euh, oui, pourquoi ?!!! Visiblement les lions poseraient probleme :-) Je lui reponds que pas de soucis, je m'avance jusqu'au gate, je vois avec les rangers en faction comment je peux m'arranger et le rassure en lui disant qu'on va bien trouver une solution. La solution bien entendue, ca fait longtemps que j'y reflechis et elle est toute trouvee ! ;-) Bizarrement dans ce parc, le main gate est excentre par rapport a la piste principale. Quand j'arrive a la hauteur de la jonction, je m'arrete et reflechis : soit je vais voir les rangers et ca va etre complique parce qu'ils me laisseront jamais passer, soit je file droit et je verrai si la traversee du parc se negocie aussi bien avec les lions que celle du lac Togo avec les pecheurs ! Je vous laisse devinez quelle a ete ma decision...

60 km a faire en moins de 4h car quand meme, j'ai beau faire mon malin, de savoir que je risque de croiser des lions me rassure que moyennement. J'ai pas trop non plus envie de monter un bivouac au milieu du parc surpris par la nuit ! Comme souvent lors des traversees des parcs, les premiers kilometres se font tous sens eveilles, le radar visuel aux aguets. Je roule vite, tente de trouver la bonne trajectoire sans m'embourber dans le sable et la poussiere, tout en scrutant la foret au cas ou ! Vous allez vous moquez mais j'avais sorti mon opinel de ma sacoche avant pour pouvoir me defendre ! Risible, mais on se rassure comme on peut ! ;-)

Sur la piste je croise quelques camions et chauffeurs de bus, tous me faisant des grands yeux et des signes de la main du genre : ''mais qu'est-ce que tu fous la?!'' Ca me fait sourire car personne ne s'arrete. Puis apres 10km le calvaire commence. Des taons, par dizaines, commencent a m'attaquer. Meme si ces insectes sont pas tres vifs, quand on est sur le velo, on reste une proie facile. Je sais qu'il me faut avancer et de toute facon m'arreter devient impossible tellement ils sont nombreux. Alors tete dans le guidon j'avance. J'en oublie les lions et me voila sur cette piste, seul au milieu de la brousse, une main sur le guidon, un oeil sur ma trajectoire, l'autre main a ecraser ces sales bestioles (aux pires moments je tue un taon toutes les 10s) et l'autre oeil occupe a les debusquer (les taons) sur mes epaules, mes jambes, mes bras etc... Ils jouent avec mes nerfs et je finis par craquer, me mettant en plus du reste a hurler en les maudissant, eux, cette piste merdique et ce parc pourri ! Alors autant vous dire que les lions, si par hasard j'en ai effectivement croise, ils ont du croire que j'avais ete nourri a la vache folle a m'exciter autant sur mon velo tout en faisant autant de bordel ! :D Et tout ca pour quoi ? pour 3 girafes apercues en fin de traversee. Je n'aurai meme pas l'envie de faire une photo, trop preoccupe a fuir cet enfer. Epuise, assoiffe et poussiereux, je finirai par poser mon bivouac 5km ''apres'' le parc. Le lendemain s'en suivront 25km pour retrouver enfin une trace de vie humaine et pouvoir me ravitailler en eau. Oui, la Tanzanie, ca peut aussi se vivre loin des touristes !

Acte 3

En Tanzanie et principalement dans la region que je traverse les gens sont tres gentils mais leur anglais est limite. Les discussions le sont donc aussi et si tous les 3j je tente de dormir chez l'habitant pour ne pas faire que des nuits en bivouac et profiter d'un seau d'eau pour me debarasser du centimetre de poussiere qui me colle a la peau, l'echange avec les locaux est pauvre. Petit a petit, la solitude que j'avais ressenti au Mali apres plusieurs mois seul, ressurgit. Mes journees se resumant a rouler, manger, dormir, apres 15j en continu sur le velo je commence a accuser le coup. C'est dans ces moments la qu'il est important d'apprecier le fait de simplement rouler. Les paysages sont magnifiques, l'environnement est toujours aussi depaysant, mais voila, il m'arrive de se sentir seul. Alors lorsqu'apres avoir traverse la Tanzanie je me retrouve sur une piste vraiment defoncee en Zambie (je resterai en Zambie 24h, un passage oblige pour gagner du temps sur ma descente), le moral est pas au plus haut. L'imprevu faisant parti du voyage, il suffira que je m'arrete a cote d'une ecole dans un tout petit village pour etre invite a passer la nuit chez le chef du village, un ancien mineur reconverti apres avoir sejourne quelques mois a l'hosto suite a une maladie contractee apres 23ans passes sous terre ! Il parle tres bien anglais et la soiree passee avec lui me permet de me recharger psychologiquement et physiquement. J'avais garde une petite fiole de genepy en me disant que je la buvrai une fois arrive au Malawi mais finalement c'est avec lui que je la partagerai.

Acte 4

Mais si une recontre d'un jour me booste pour les quelques prochains jours cela ne suffit pas. La traversee du parc Nyika au nord de la Tanzanie se fera dans la douleur, la piste empire a chaque km, se raidit et j'ai vraiment l'impression de ne plus avancer... Le vent comme toujours depuis Kigali est contre moi. Pour autant il me reste encore 500km a faire... La fatigue s'accumulant, une mauvaise nuit aidant, je termine une journee completement epuise dans une guesthouse avec de la fievre, des frissons et des maux de tete. Un sms a mes toubibs-amies (Merci Celine et Delphine) et je finis par aller a l'hosto verifier que je n'ai pas attrape le palu ! Malgre le traitement que je prends, on ne sait jamais. Le test de la goutte de sang me delivrera de mes craintes et apres avoir avale mes 1000mg de paracetamol je m'en vais finir ma nuit !

Acte 5

A Mzuzu, grosse ville du nord du Malawi, j'apprends que l'auberge ou je decide de dormir a accueilli la veille 3 cyclotouristes, un plus deux. Je suis juste degoute car je n'en ai rencontre aucun depuis le Senegal ! Mais coup de chance, a Nkhata Bay, village cotier du lac Malawi je ferai la connaissance de Clive, un anglais d'origine jamaicaine, qui descend lui aussi sur Lilongwe. Alors si je n'avais pas prevu de suivre la meme route que lui, je decide de le suivre le long du lac. Les 400 derniers km pour rejoindre Lilongwe se feront a deux, dans une ambiance des plus sympathiques :-) La solitude s'envole, le vent tourne, la vue du lac me regaillardit et les derniers km jusqu'a Lilongwe se font avec le sourire ! Car finalement, meme si voyager seul apporte souvent plus qu'a voyager a deux, ''Happiness is only real when shared'' ! (Into the Wild)

Mais a chacun sa maniere de le partager ;-)

Sur ce je vous souhaite une belle journee, prenez soin de vous, la bise, Oliv

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