vendredi 6 juin 2014

Psychologie Magazine #1 : T'as quoi dans la tête ?!!!

Alors puisque plusieurs personnes me l'ont demandé, je vais le faire : me mettre à nu !

Au figuré bien sûr, ici en pays musulman ça serait mal vu d'une autre manière, sauf si t'es un gamin de moins de 10 ans : là tu passes ta vie cul nu à maltraiter le bétail ou à te rouler par terre et à crier "Toubabou" quand un blanc passe dans ton périmètre !

Donc, je vais répondre à quelques questions qui m'ont été posées, sans forcément d'ordre et avec le recul de 5 mois de voyage ! :-)

1 - Pourquoi être parti ?
L'idée d'un voyage au long cours, d'un tour du monde, a commencé à germer en terminale, lors de nos discussions avec Schuchu (Cédric S.) dans le bus au retour du lycée. Initialement c'était l'envie de faire un tour du monde ensemble, en vélo couché. Du vélo couché on a imaginé faire ça en tricycle couché mais finalement c'est le vélo ordinaire et basique qui a été retenu. J'ai débuté le voyage à vélo sous l'impulsion de mes lectures de Carnets d'Aventures. Mon premier voyage en vélo je l'ai fait il y a 5 ans environ, dans le Sud Ouest de l'Irlande, une semaine seul, une semaine avec Tom (Thomas B.). Ces deux compagnons de voyage m'ont d'ailleurs rejoint durant ce périple en Afrique, le premier au Sénégal, le second au Maroc !

2 - Pourquoi seul ?
Car je suis un vieil ours solitaire pardi ! Un peu certainement  mais pas que : j'ai réalisé d'autres voyages en vélo seul - Kenya - mais d'autres aussi accompagné - Turquie / Norvège / Sardaigne / Alpes ! En fait, lorsque l'idée d'un long voyage commence à se dessiner dans la tête de quelqu'un il faut rapidement que cette idée soit partagée avec la tierce personne qui ferait partie du voyage pour que les choix se fassent à 2. En sachant que nous n'arriverions pas avec Schuchu à trouver un créneau au même moment pour partir (par rapport à nos obligations "professionnelles", si je puis dire (!), ou nos attaches respectives - familiales / sentimentales... ) j'ai commencé à imaginer ce projet seul. Or il devient par la suite très difficile d'imposer à quelqu'un une destination, un projet, qu'il n'a lui même pas imaginé, construit, pensé. Je ne connais pas de personne dans mon entourage (avec qui j'aurai pu imaginer partir) à qui l'idée de partir un an en Afrique (la destination n'est pas commune, elle peut rebuter) plaisait outre mesure. Donc si je suis parti seul c'est aussi parce que cela n'était pas possible autrement ! Mais comme vous l'avez vu, des amis ont déjà fait quelques kilomètres avec moi lors de cette virée et d'autres en feront par la suite ! Je suis parti seul mais pas totalement :-)

3 - A quoi tu penses sur ton vélo ?
Il est vrai que du temps pour réfléchir, le cul posé sur ma selle, à pédaler la frimousse au vent, j'en ai ! Et excepté lorsque je suis concentré à bien placer ma roue entre deux racines, trois cailloux et une ornière pour ne pas finir le nez au sol, mon esprit vagabonde, et peut-être vagabonde-t-il plus que moi ! Je ne sais pas si vous avez vu le film "La vie rêvée de Walter Mitty" ? Il est sorti en salle j'étais déjà en Afrique, donc je ne l'ai pas vu mais je me suis un peu retrouvé dans la bande annonce ! Je passe donc, beaucoup beaucoup beaucoup (et 3 fois n'est pas exagéré !) de temps à m'imaginer des scènes de vie qui pourraient ou non m'arriver (e.g. mon arrivée au Cap de Bonne Espérance à la fin du voyage en larmes de joie, un bivouac en Namibie perdus dans le désert avec les frangins, etc...). Selon mon état d'évasion, je m'imaginerai avec plus ou moins de détail la scène. Viennent ensuite les épisodes déjà vécus que je peux soit analyser en me demandant le pourquoi du comment (e.g. conflit entre amis, course en montagne réussie ou non, etc...) soit, non plus en les analysant, mais en les imaginant différentes, et surtout en partant du principe que je me comporte différemment (qu'est ce qu'il se serait passé si j'avais agi ainsi à ce moment là, si j'avais pris cette décision). Bien entendu, ca reste de l'ordre de l'imaginaire puisque l'on ne change pas ce qui est de l'ordre du passé. Donc finalement, je suis sur mon vélo, à la découverte d'un monde qui m'est inconnu, mais en parallèle, je parcours dans mes pensées un monde fictif, que je modèle à ma façon. De ces réflexions naissent mille projets à la journée, certains qui ne sont déjà plus qu'une vague idée oubliée, d'autres qui j'espère se réaliseront, et enfin d'autres que je sais ne m'appartiennent pas. Alors profite-je donc vraiment de mon voyage, de l'instant présent ? Bien entendu car c'est par celui que je vis que je peux me projeter dans le passé, dans le présent, dans le futur, avec un tant soit peu de recul et en me connaissant. Suis-je clair ? je ne crois pas... mais c'est de la psychologie !

4 - As tu peur ?
Peur de quoi ?
Peur de ne pas réussir : oui ! Ca serait pour moi un échec difficile à encaisser : ce voyage reste un des projets d'une vie, de ma vie, et ne pas le conclure dignement (ce mot serait sujet à développement !!!) représenterait un raté qu'il me faudrait assumer et digérer.
Peur en Afrique : non ! Je me sens vraiment à l'aise ici. Je n'ai pas peur des gens, je crois que par nature l'homme est bon, et qu'en Afrique plus qu'ailleurs, il n'a pas perdu cette bonté. Certes je pourrais avoir des altercations avec des gens mais ca fait parti de la vie quotidienne. L'Afrique reste un continent qui connait beaucoup de crises mais finalement je reste dans des zones sures. Donc ici je me sens à l'aise, car tout est simple, aussi paradoxale que ca puisse être !
Peur des animaux : un peu peut-être ! Quand j'avais voulu traverser en vélo et en solo le parc de Niokolo Koba au Sénégal, oui, là, j'étais moyen rassuré à cause des lions et hyènes !

5 - Ai-je eu envie de me poser quelque part ?
Pour l'instant, non ! Je ne me vois pas encore refaire ma vie ici en Afrique (avec comme cliché épouser une africaine, fonder une famille de 8 gamins, et parcourir les plaines d'Afrique de l'Ouest avec mon troupeau de zébu!!!). J'avoue qu'au Mali, plus que dans les autres pays, j'ai réfléchi à ce que je pourrais entreprendre comme business si je décidais d'investir un peu d'argent. Ce pays me plait, sa population est chaleureuse, j'y suis bien. Mais je reste dans l'optique du voyage avec un but, celui d'atteindre le Cap. Et puis je dois retrouver la famille et les amis sur mon parcours pour vivre avec eux une partie de l'aventure. Donc, s'il m'arrive de m'arrêter 2j ou une semaine à un endroit c'est en sachant que viendra ensuite le temps du départ pour continuer d'avancer. Et si je ne m'installe pas un jour au Mali, en référence à la question 3, je me suis déjà imaginé suivre en canoé gonflable de fleuve Sénégal depuis sa source en Guinée jusqu'à l'Océan, ou rejoindre Zagora au Maroc depuis Tombouctou en chameau ! Bein voyons ! ;-)

Pour cette première introspection, je vais m'arrêter là ! J'espère n'avoir pas trop survoler les sujets tout en sachant que je ne peux pas tout dire, surtout par écrit !

La bise


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