mardi 9 septembre 2014

Rwanda, des hauts et des bas !

Le Rwanda... finalement qu'en savons-nous ?

Avant, moi, pas grand chose. Aujourd'hui peut etre un tout petit peu plus.

- Un pays minuscule (26000km2, un peu plus petit que la Belgique), comme une enclave entre le Congo (RDC), l'Uganda et la Tanzanie, 3 geants de l'Afrique de l'Est. Et pourtant la densite de population la plus elevee de toute l'Afrique (300 habitants au km2) !
- Une histoire dramatique, un genocide perpetree en 1994 qui n'a emu la communaute internationnale qu'une fois les pires atrocites commises : 1 million de morts en moins d'un an.
- Un president Paul Kagame ferme et la tete bien ancree sur ses epaules, qui a su remettre son pays sur pied et en faire un exemple en termes d'education, sante, infrastructures pour le reste de l'Afrique. Ici les sacs plastiques sont interdits, les villes sont propres, les routes en excellent etat et l'ensemble du territoire est equipe de la fibre optique !

Donc un pays qui merite le respect pour ce qu'il est devenu en moins de 20 ans.

Et pourtant,

Je n'y ai pas trouve ma place.

Du monde donc, beaucoup de monde. A dire vrai, si on leve les yeux du guidon, on s'apercoit que ce pays aux milles colines est entierement cultive. Pas un hectare, pas une parcelle n'a echappe aux coups de beches et pioches de ces fermiers fous. De "naturel" il ne reste rien. L'idee d'un bivouac loin des foules, tranquille, est envolee. Premier coup dur.

Du monde donc, beaucoup de monde. Le M'zungu (le blanc) ne passe pas inapercu. Les notions d'intimite et de respect de la vie "privee" ne sont pas integrees ici. Le blanc s'arrete, la vie s'arrete. Tout le monde vient se positionner en cercle autour de lui pour regarder ce qu'il fait. Sans gene aucune. Je sors un biscuit de mon sac, les gens vont se deplacer pour mieux voir ce que je suis en train de sortir du sac. Pour autant il n'y a pas d'echanges. Ils commentent entre eux ce qu'ils voient (ici on parle kysiarwanda, des fois francais pour les vieux, des fois anglais pour les jeunes). Jeunes et moins jeunes peuvent rester a me regarder manger mon biscuit, boire de l'eau, ou tout simplement me reposer 5-10m sans bouger. C'est la premiere fois que je ressens cette gene, cette asphyxie qu'ils m'imposent, le fait d'etre pour eux une bete de foire dont on pourrait ecraser la bulle d'intimite, d'espace vie sans que cela ne derange. Le M'zungu part, ou plutot fuit et la vie du village reprend...

Le pays aux milles colines. L'image n'est pas fausse. La topologie du Rwanda consiste en une infinite de colines qui se succedent et se succedent. La route ou la piste passe indifferement au sommet ou au pied de chacune d'elles. Pour le voyageur a velo que je suis cela est vite devenu eprouvant. Physiquement d'une part car a chaque nouvelle remontee les cuisses chauffent. Et psychologiquement aussi car j'avais toujours en tete que derriere cette montee, une nouvelle suivrait. Et pour quel gain, quel plaisir ? Aucun. Ca n'est pas la montee au Col Agnel dont on sait que la descente est un must des singles du Queyras ! Non, seulement une repetition d'une coline cultivee pour une autre coline cultivee.

Alors dans ces moments de pseudo demotivation, rien de pire que de voir des enfants ou ados te courir apres. Comme une horloge bien huilee, la situation se repete sans cesse. Le jeune voit au loin le blanc qui peine sur son velo. Il l'approche en courant depuis chez lui et en le saluant d'un "M'zungu, how are you ?". Une fois le cyclotouriste passe, il accelere l'allure pour le coller au train, en essayant de lui demander de l'argent, un bic ou autre ! Il y en a meme un qui apres m'avoir demande un bic m'a dit que non, ca finalement il avait deja, et qu'il voulait plutot une bouteille ! Les montees peuvent etre longues, les jeunes endurants, et donc la situation vraiment fatiguante. Alors des fois, je craque, je m'enerve. Je m'arrete et pose le pied a terre. Les enfants partent en courant, attendent que je remonte sur mon velo pour me poursuivre a nouveau. Alors des fois je craque et laisse echapper une insulte... et dans la seconde qui suit me sent coupable. Car oui, l'Afrique c'est ca aussi et il faut savoir encaisser, prendre sur soi et attendre le debut de la descente ou enfin je pourrai les distancer. Cette situation existe aussi avec des jeunes en velo qui vont se mettre dans ma roue, et me suivre pour me suivre. Sans forcement demander quoi que ce soit. Juste une filature pour m'observer. Puis une fois leur curiosite satisfaite ils feront demi-tour pour retrouver leurs amis quelques km avant.

Si le bivouac au Rwanda est a proscrire, alors je me suis dit que c'etait le meilleur endroit pour essayer de "tester" l'hospitalite locale. Sur 3 tentatives (car je ne voulais pas rester sur 2 deceptions consecutives) seule une aura ete a la hauteur de ce que j'avais vecu maintes et maintes fois en Afrique de l'Ouest. Il m'aura fallu me persuader que c'etait possible, que c'etait pas parce que j'avais passe 3h la derniere fois a passer de mains en mains entre un villageois, un maire, la police, la gendarmerie et enfin une mission catholique pour trouver un toit que je devais me contenter de cette image. Alors cette fois ci, apres avoir fait la photo souvenir avec Theophile et sa famille je suis alle illico dans un labo photo l'imprimer pour lui offrir. Au moins une fois dans ce voyage j'ai pu donner en mains propres la photo d'un moment partage a mon hote.

Bien entendu du Rwanda je tenterai de ne pas garder cette image morose d'un pays inadapte au cyclotourisme avec une population collante, fatiguante et irrespectueuse ! Car malgre tout, j'ai eu la chance de faire quelques belles rencontres, avec des occidentaux (2 suissesses en particulier) ou des locaux, et que peut-etre une partie de tout ceci s'explique aussi par l'histoire atypique de ce minuscule pays !

Aujourd'hui je suis en Tanzanie, a Kasulu plus exactement. J'ai retrouve mes reperes, le plaisir de faire une nuit au milieu de la brousse ou de jouer au Uno avec les tanzaniens qui pour une nuit m'hebergent sans que cela ne pose de soucis. Petit a petit entre 2 nuages de poussieres souleves par les camions et autres matatus je fais route au Sud vers le Malawi. Le paysage d'une savane vallonnee est ennivrant et le contact avec la population enrichissant. Comme quoi la vie continue, avec ses hauts et ses bas ! ;-)

Prenez soin de vous, la bise


2 commentaires:

  1. Garde la motive Olive! Je t'amène du foie-gras et de la bière (et des Brownies) dans 1 mois et demi :-)
    Courage et bonne route!
    A bientôt, Schuschu

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  2. J'admire ton courage et ta bravoure car garder son calme ne doit pas être évident, et puis ne pas vouloir avoir ce sentiment de déception doit être frustrant mais te voilà en Tanzanie, donc profite bien de cette nouvelle étape! Tu nous manques ici et on pense fort à toi!!! Delph & Alex & toute la tribu :)

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